A la croisée du Chemin des Bornes et du sentier qui traverse La Soutte se dresse une croix en grès rose des Vosges.

La croix Halter

La croix Halter. © Alain Halter

La croix Halter à la croisée du Chemin des Bornes et du sentier traversant la Soutte

« …fréquemment les croix se trouvent au carrefour de chemins des champs souvent vers la limite du ban communal, ce sont des croix rurales dans le sens le plus strict”.

  • Source : Encyclopédie de l’Alsace, volume 4, page 2133, Editions Publitotal Strasbourg, 1983

Sur le fût de cette croix est gravé en lettres majuscules le texte suivant :

Fût de la croix Halter

La croix Halter. © Alain Halter

CETTE CROIX A ÉTÉ ÉRIGÉE PAR GEORGE HALTER ET SOPHIE HOHWILLER ET ANDRÉ HALTER ET SALOMÉE BÜRETH
AN 1840
QUI EN CE LIEU DIRONT D’UN COEUR CONTRIT 5 NOTRE-PÈRE ET 5 AVE MARIA ET LE CREDO OBTIENDRONT 40 JOURS D’INDULGENCE

Il s’agit d’une croix d’indulgence (Ablasskreuz)

« Indulgences. Après que l’âme ait définitivement quitté la terre, plusieurs lieux de résidence s’offrent à elle.
Dans les milieux protestants et catholiques on pense parfois que les âmes gagnent un lieu de repos (une sorte de grande prairie des ancêtres) où elles attendent, dans un état de somnolence, le Jugement dernier qui opérera une séparation entre les bons et les méchants. Parfois cette séparation est considérée comme s’effectuant juste après la mort. Les âmes des personnes bonnes allant au paradis et les âmes des personnes méchantes se rendant en enfer.
La plupart du temps on croit que les âmes des bébés et des petits enfants donneront des anges.
Dans les milieux catholiques, encore aujourd’hui, on croit que certaines âmes gagnent le purgatoire (en alsacien Fegefier).
Selon l’Eglise Catholique le purgatoire est un lieu où les âmes des justes qui, au moment de la mort, n’ont pas entièrement satisfait à la justice de Dieu, achèvent leur expiation dans les souffrances temporaires de l’autre vie, avant d’être admises au bonheur du ciel. Enfin l’Eglise Catholique affirme qu’entre les âmes du purgatoire et celles qui sont encore sur terre, il existe des relations de bons offices et un commerce de prières. Ainsi les fidèles sont exhortés à offrir, pour le soulagement de leurs frères défunts, des prières, des indulgences, des bonnes oeuvres, parmi lesquelles aucune ne saurait être aussi efficace que le sacrifice de la messe. C’est ce qui explique les nombreuses messes en faveur des morts.
Mais on peut, dès son séjour terrestre, gagner un capital de jours d’indulgence qui se déduiront des jours qu’on devra passer au purgatoire à cause de son imperfection.
Ainsi on trouve, encore aujourd’hui, sur presque tous les cimetières catholiques alsaciens ou sur les routes menant aux villages, des croix qui promettent des jours d’indulgence”.

  • Source : Encyclopédie de l’Alsace, volume 7, page 4237, Editions Publitotal Strasbourg, 1984

George et Sophie, éléments d’état civil

George Halter est né le 25 Vendémiaire an XIII de la République (17 octobre 1804) à Ottrott, voiturier (1832-1833 et 1834), métayer Sutt (1835), fermier Sutt (1837-1838, 1840 et 1843). Décédé le 6 janvier 1863 à Grendelbruch, à l’âge de 58 ans.

Marié le 18 août 1830 à Nothalten avec :

Sophie Hohwiller, née le 20 Pluviôse an VII de la République (8 février 1799) à Nothalten. Elle est décédée le 01 novembre 1843, à l’âge de 44 ans à Ottrott-le-Bas en mettant au monde sa dernière fille Sophie (témoin : André Halter).

Leurs enfants :

  • Joséphine, née le 30 juillet 1832 à Ottrott-le-Bas ;
  • François-Joseph, né le 03 octobre 1833 à Ottrott-le-Bas, décédé le 18 février 1834 à Ottrott-le-Bas ;
  • Mathias-Balthasar, né le 22 février 1835 à Ottrott-le-Bas, Sutt ;
  • Sophie, née le 03 février 1837 à Ottrott-le-Bas, Sutt, décédée le 28 avril 1837 à Ottrott-le-Bas ;
  • George, né le 22 avril 1838 à Ottrott-le-Bas, Sutt ;
  • Barbe, née le 23 février 1840 à la Soutte, ban d’Ottrott-le-Bas ;
  • Sophie, née le 01 novembre 1843 à Ottrott-le-Bas.

George Halter s’est remarié le 25 mars 1844 à Grendelbruch avec Marie-Anne Epp, née le 10 juin 1808 à Natzwiller, elle-même veuve de feu Armand Wenger, décédé à Grendelbruch le 25 août 1839.

André et Salomé, éléments d’état civil

Sur leur acte de mariage du 07 janvier 1839 à Grendelbruch,
André Halter est né le 30 novembre 1799 à la Cense dite Sutte forêt d’Obernai, voiturier, domicilié à la Küssbrünel Sutte, banlieue de bas-Ottrott (fermier en 1841). Décédé le 04 mars 1860 à Grendelbruch

Salomé Büreth (Bürret) est née le 05 mars 1810 à Grendelbruch. Décédée le 17 janvier 1873 à Grendelbruch.

Leurs enfants :

  • Thérèse, née le 11 octobre 1839 à La Soutte, banlieue d’Ottrott-le-Bas ;
  • Antoine, né le 28 février 1841 à La Soutte, ban d’Ottrott-le-Bas ;
  • Jean Baptiste, né le 23 juin 1844 à Ottrott-le-Bas ;
  • Joseph, né le 28 décembre 1845 à Boersch ;
  • Louis, né le 3 juillet 1849 et décédé le 27 août 1849 à Grendelbruch.

Deux frères proches

André et George Halter étaient frères, fils d’Antoine Halter, fermier, domicilié à la cense dite Soutte située dans les forêts de la ville d’Obernai, marié avec Marie Madeleine Epp. André et George sont tous les deux nés à la Soutte.

Descendance d’Antoine Halter et de Marie Madeleine Epp (cliquez sur l’image pour agrandir).

A l’époque du recensement d’Ottrott-le-Bas de 1841, les deux frères et leurs familles partagent une même maison à la Magel (maintenant Maison forestière le Magelhof), pas très éloignée de la Soutte.

Carte de La Magel en 1950

Carte IGN 1950.

La Magel est une petite rivière dans le département du Bas-Rhin et un affluent de la Bruche, donc un sous affluent du fleuve le Rhin par l’Ill”.

Le recensement de 1846 indique que George, remarié à Marie-Anne Epp, et sa famille recomposée habitent à la Soutte, tandis que André et sa famille résident à Bœrsch, rue dite Le 2e Zingen.

En 1851, le recensement indique que George et sa famille habitent encore à la Soutte, tandis que André et sa famille résident à la ferme de Neuenmatten, dépendance de Grendelbruch.

Enfin, le recensement de 1856, nous apprend que George et sa famille s’est établi à la ferme de Muckenbach, dépendance de Grendelbruch. André et sa famille demeurent à Grendelbruch, Obergass.

Au recensement de 1861, George et sa famille sont toujours dans une ferme dite Ober Muckenbach, dépendance de Grendelbruch. André est décédé en 1860. Büreth veuve Halter Salomé, journalière, habite avec ses fils Jean et Joseph, bûcherons, à Grendelbruch, Obergass.

Au recensement de 1866, George étant mort en 1863, Epp veuve Halter Marie Anne, journalière, habite seule à Muckenbach, hameau, dépendance de Grendelbruch. Büreth veuve Halter Salomé, journalière, chef de ménage, loge à Grendelbruch, Oberdorff, toujours avec ses deux fils.

Conclusion sans indulgence

Leur croix a été érigée en 1840. Ils habitaient le lieu, étaient de religion catholique proches du mont Sainte-Odile. A part leur fort désir d’indulgence (sans parler de “commerce d’indulgence”), je n’ai pu déterminer dans cette recherche, quelle a été la raison d’un “péché déjà pardonné” qu’ils ont pu partager ! Seule la Soutte en a gardé le secret.

La croix Halter

La croix Halter. © Alain Halter

Articles autour de la Soutte :

La Soutte, source de l’Ehn, Le Chemin des Bornes,
La croix Halter, La Grande forêt d’Obernai