artiste peintre alain halter

Pratiquant les techniques picturales (peinture à l’huile ou acrylique, aquarelle, gouache, pastels, linogravure…), je me consacre depuis nombre d'années à l’art numérique en alliant tradition et modernité.

La croix Halter — 8 septembre 2017

La croix Halter

A la croisée du Chemin des Bornes et du sentier qui traverse La Soutte se dresse une croix en grès rose des Vosges.

La croix Halter

La croix Halter. © Alain Halter

La croix Halter à la croisée du Chemin des Bornes et du sentier traversant la Soutte

“…fréquemment les croix se trouvent au carrefour de chemins des champs souvent vers la limite du ban communal, ce sont des croix rurales dans le sens le plus strict”.

  • Source : Encyclopédie de l’Alsace, volume 4, page 2133, Editions Publitotal Strasbourg, 1983

Sur le fût de cette croix est gravé en lettres majuscules le texte suivant :

Fût de la croix Halter

La croix Halter. © Alain Halter

CETTE CROIX A ÉTÉ ÉRIGÉE PAR GEORGE HALTER ET SOPHIE HOHWILLER ET ANDRÉ HALTER ET SALOMÉE BÜRETH
AN 1840
QUI EN CE LIEU DIRONT D’UN COEUR CONTRIT 5 NOTRE-PÈRE ET 5 AVE MARIA ET LE CREDO OBTIENDRONT 40 JOURS D’INDULGENCE

Il s’agit d’une croix d’indulgence (Ablasskreuz)

“Indulgences. Après que l’âme ait définitivement quitté la terre, plusieurs lieux de résidence s’offrent à elle.
Dans les milieux protestants et catholiques on pense parfois que les âmes gagnent un lieu de repos (une sorte de grande prairie des ancêtres) où elles attendent, dans un état de somnolence, le Jugement dernier qui opérera une séparation entre les bons et les méchants. Parfois cette séparation est considérée comme s’effectuant juste après la mort. Les âmes des personnes bonnes allant au paradis et les âmes des personnes méchantes se rendant en enfer.
La plupart du temps on croit que les âmes des bébés et des petits enfants donneront des anges.
Dans les milieux catholiques, encore aujourd’hui, on croit que certaines âmes gagnent le purgatoire (en alsacien Fegefier).
Selon l’Eglise Catholique le purgatoire est un lieu où les âmes des justes qui, au moment de la mort, n’ont pas entièrement satisfait à la justice de Dieu, achèvent leur expiation dans les souffrances temporaires de l’autre vie, avant d’être admises au bonheur du ciel. Enfin l’Eglise Catholique affirme qu’entre les âmes du purgatoire et celles qui sont encore sur terre, il existe des relations de bons offices et un commerce de prières. Ainsi les fidèles sont exhortés à offrir, pour le soulagement de leurs frères défunts, des prières, des indulgences, des bonnes oeuvres, parmi lesquelles aucune ne saurait être aussi efficace que le sacrifice de la messe. C’est ce qui explique les nombreuses messes en faveur des morts.
Mais on peut, dès son séjour terrestre, gagner un capital de jours d’indulgence qui se déduiront des jours qu’on devra passer au purgatoire à cause de son imperfection.
Ainsi on trouve, encore aujourd’hui, sur presque tous les cimetières catholiques alsaciens ou sur les routes menant aux villages, des croix qui promettent des jours d’indulgence”.

  • Source : Encyclopédie de l’Alsace, volume 7, page 4237, Editions Publitotal Strasbourg, 1984

George et Sophie, éléments d’état civil

George Halter est né le 25 Vendémiaire an XIII de la République (17 octobre 1804) à Ottrott, voiturier (1832-1833 et 1834), métayer Sutt (1835), fermier Sutt (1837-1838, 1840 et 1843). Décédé le 6 janvier 1863 à Grendelbruch, à l’âge de 58 ans.

Marié le 18 août 1830 à Nothalten avec :

Sophie Hohwiller, née le 20 Pluviôse an VII de la République (8 février 1799) à Nothalten. Elle est décédée le 01 novembre 1843, à l’âge de 44 ans à Ottrott-le-Bas en mettant au monde sa dernière fille Sophie (témoin : André Halter).

Leurs enfants :

  • Joséphine, née le 30 juillet 1832 à Ottrott-le-Bas ;
  • François-Joseph, né le 03 octobre 1833 à Ottrott-le-Bas, décédé le 18 février 1834 à Ottrott-le-Bas ;
  • Mathias-Balthasar, né le 22 février 1835 à Ottrott-le-Bas, Sutt ;
  • Sophie, née le 03 février 1837 à Ottrott-le-Bas, Sutt, décédée le 28 avril 1837 à Ottrott-le-Bas ;
  • George, né le 22 avril 1838 à Ottrott-le-Bas, Sutt ;
  • Barbe, née le 23 février 1840 à la Soutte, ban d’Ottrott-le-Bas ;
  • Sophie, née le 01 novembre 1843 à Ottrott-le-Bas.

George Halter s’est remarié le 25 mars 1844 à Grendelbruch avec Marie-Anne Epp, née le 10 juin 1808 à Natzwiller, elle-même veuve de feu Armand Wenger, décédé à Grendelbruch le 25 août 1839.

André et Salomé, éléments d’état civil

Sur leur acte de mariage du 07 janvier 1839 à Grendelbruch,
André Halter est né le 30 novembre 1799 à la Cense dite Sutte forêt d’Obernai, voiturier, domicilié à la Küssbrünel Sutte, banlieue de bas-Ottrott (fermier en 1841). Décédé le 04 mars 1860 à Grendelbruch

Salomé Büreth (Bürret) est née le 05 mars 1810 à Grendelbruch. Décédée le 17 janvier 1873 à Grendelbruch.

Leurs enfants :

  • Thérèse, née le 11 octobre 1839 à La Soutte, banlieue d’Ottrott-le-Bas ;
  • Antoine, né le 28 février 1841 à La Soutte, ban d’Ottrott-le-Bas ;
  • Jean Baptiste, né le 23 juin 1844 à Ottrott-le-Bas ;
  • Joseph, né le 28 décembre 1845 à Boersch ;
  • Louis, né le 3 juillet 1849 et décédé le 27 août 1849 à Grendelbruch.

Deux frères proches

André et George Halter étaient frères, fils d’Antoine Halter, fermier, domicilié à la cense dite Soutte située dans les forêts de la ville d’Obernai, marié avec Marie Madeleine Epp. André et George sont tous les deux nés à la Soutte.

Descendance d’Antoine Halter et de Marie Madeleine Epp (cliquez sur l’image pour agrandir).

A l’époque du recensement d’Ottrott-le-Bas de 1841, les deux frères et leurs familles partagent une même maison à la Magel (maintenant Maison forestière le Magelhof), pas très éloignée de la Soutte.

Carte de La Magel en 1950

Carte IGN 1950.

La Magel est une petite rivière dans le département du Bas-Rhin et un affluent de la Bruche, donc un sous affluent du fleuve le Rhin par l’Ill”.

Le recensement de 1846 indique que George, remarié à Marie-Anne Epp, et sa famille recomposée habitent à la Soutte, tandis que André et sa famille résident à Bœrsch, rue dite Le 2e Zingen.

En 1851, le recensement indique que George et sa famille habitent encore à la Soutte, tandis que André et sa famille résident à la ferme de Neuenmatten, dépendance de Grendelbruch.

Enfin, le recensement de 1856, nous apprend que George et sa famille s’est établi à la ferme de Muckenbach, dépendance de Grendelbruch. André et sa famille demeurent à Grendelbruch, Obergass.

Au recensement de 1861, George et sa famille sont toujours dans une ferme dite Ober Muckenbach, dépendance de Grendelbruch. André est décédé en 1860. Büreth veuve Halter Salomé, journalière, habite avec ses fils Jean et Joseph, bûcherons, à Grendelbruch, Obergass.

Au recensement de 1866, George étant mort en 1863, Epp veuve Halter Marie Anne, journalière, habite seule à Muckenbach, hameau, dépendance de Grendelbruch. Büreth veuve Halter Salomé, journalière, chef de ménage, loge à Grendelbruch, Oberdorff, toujours avec ses deux fils.

Conclusion sans indulgence

Leur croix a été érigée en 1840. Ils habitaient le lieu, étaient de religion catholique proches du mont Sainte-Odile. A part leur fort désir d’indulgence (sans parler de “commerce d’indulgence”), je n’ai pu déterminer dans cette recherche, quelle a été la raison d’un “péché déjà pardonné” qu’ils ont pu partager ! Seule la Soutte en a gardé le secret.

La croix Halter

La croix Halter. © Alain Halter

Articles autour de la Soutte :

La Soutte, source de l’Ehn, Le Chemin des Bornes,
La croix Halter, La Grande forêt d’Obernai

La Soutte, source de l’Ehn — 5 septembre 2017

La Soutte, source de l’Ehn

Je vous parle d’un temps où les forêts étaient peuplées par nos ancêtres.

Découverte du lieu d’origine d’une famille Halter

En remontant de la ville d’Obernai jusqu’à la Soutte, source de la rivière Ehn, en Alsace.

A la croisée des chemins

A la croisée des chemins. © Alain Halter

L’Ehn

“Une petite rivière du Bas-Rhin, naît, sous le nom d’Ehn, dans la forêt au sud-ouest d’Obernai, se dirige de l’ouest à l’est, arrose le Klingenthal, Obernai, Niedernai

  • Source : L’Alsace ancienne et moderne, ou dictionnaire géographique, historique et statistique du Haut et du Bas-Rhin, page 83, Jacques BAQUOL, Strasbourg, chez l’auteur, rue du Jeu-des-Enfants, 51, 1849.
Google Maps, La Soutte en vue aérienne

La Soutte, source de l’Ehn en vue aérienne (Google Maps).

“L’Ehn prend sa source dans un vallon au soleil levant, à l’est du col du Rothlach, au nord-ouest de la tête du Neuntelstein au revers et à proximité du chemin des bornes. Les sources dite de la Soutte (longitude : 7° 19′ 45 Est, latitude : 48° 25′ 49 Nord), autrefois des prés de la Soutte, indiquent simplement un ancien abri pastoral du XIXe siècle quand les hauteurs étaient encore des chaumes. Le lieu-dit est à 927 mètres d’altitude, sur le territoire de la commune d’Ottrott, commune qui abrite la célèbre abbaye de Hohenbourg (communément connue sous le nom d’abbaye du mont Sainte-Odile) sur le Hohenburg, inscrite dans l’ancien oppidum dit du Mur païen, ainsi que ses vastes forêts.

Carte du cours de l'Ehn

Carte du cours de l’Ehn : Remonter l’Ehn et déguster une tourte aux cèpes.

D’Obernai à la Soutte en remontant l’Ehn

“Obernai, Ottrott
Les piétons prendront de préférence le chemin suivant, appelé sentier de l’Ehn, 1 bonne h. — Rect. rouge, barré de blanc.
A Obernai, sur la place du Marché, on prend à dr. par la rue du Chanoine Gyss, et l’on passe devant les promenades de la ville sur la route de Boersch ; après 10 min., et devant le premier moulin, on franchit à g. l’Ehn et le canal de l’Ehn en appuyant à dr. ; immédiatement après on prend à dr. le large chemin de piétons qui monte le long de l’Ehn, à l’ombre des aulnes ; après 13 min. on passe sur la rive g., après 9 min. on repasse sur la rive dr. ; quelques pas plus loin se trouve une fontaine sur le chemin. En quittant les aulnes, vue magnifique sur les montagnes, à dr. St-Léonard. Après 15 min. (la grande propriété à dr. s’appelle El Biar ; jusqu’en 1865 s’élevait près de là l’Aumühle) le sentier se transforme en chemin rural, qui mène, sur la rive g. en franchissant la voie ferrée, jusque sur la route de Boersch à Ottrott. On suit celle-ci à g., on traverse un pont, puis on gagne Ottrott près de l’Hôtel Blanck, à l’Arbre vert. — On parvient aussi sur le sentier le long de l’Ehn, en prenant hors ville, sur la route d’Ottrott, tout de suite derrière la villa Montbrison (château d’Oberkirch), le chemin large à dr.

Ottrott, Klingenthal, 25 min.
… On traverse par la route à dr. la jolie vallée de l’Ehn, on passe devant les anciennes fabriques et des villas ; en 25 min. à Klingenthal (Cygne ; Montagne verte), autrefois manufacture célèbre d’armes blanches, fondée par Jean-Henri d’Anthès en vertu de lettres patentes royales en 1730. Les premiers ouvriers vinrent de Solingen. Le nom de Klingenthal provient de Klinge (= lame) qui veut aussi dire vallée étroite, gorge. Aujourd’hui encore la fabrique d’outils de la Maison Coulaux & Cie est considérable ; on y produit des faux, des faucilles et des lames de scies. Dans le bâtiment de la fabrique, belle salle ornée d’armes.

Klingenthal, Heidenkopf (Tête des Païens) c) Klingenthal, Vallée de l’Ehn, Col, Tête des Païens, 1h.1/2 à 2 h.
Près de la bifurcation de la route à Klingenthal on monte à g. la route (route de Ste-Odile) dans la vallée de l’Ehn ; après 30 min., près d’une scierie devant la maison forestière Vorbruck, on passe le ruisseau et l’on continue à g., bientôt (3 min.) on monte à dr. le chemin de piétons, large et commode qui rejoint, après 1/2 h. le chemin décrit plus haut sous b). A partir d’ici, encore 15 min. jusqu’au Col au pied de la Tête des Païens et en 35 min. sur le sommet (v. plus bas).
b) … Après la jonction avec le chemin montant, décrit plus bas (v. c), on monte de nouveau et avant le tournant à g. du chemin de piétons, on prend à dr. le sentier battu qui mène directement sur le Col au pied de la Tête des Païens, 15 min. Entre les deux routes forestières on monte par un large chemin de piétons en lacets au sommet de la Tête des Païens (35 min.).

Tête des Païens, Rothlach, coul. jaune, 2 h. 1/4
Du sommet on se dirige par un chemin de piétons, large et commode, vers le SW et l’on descend en 20 min. sur le col, où débouchent les deux sentiers réunis décrits sous b) et c).
Du Col de la Tête des Païens, tout droit vers le SW, on gagne par la route forestière en 5 min. la maison forestière Ochsenlaeger ; ici on continue tout droit dans la direction du SW par la large route forestière, dans une belle forêt. A dr. on est dominé par le rocher porphyrique Steinhubel (890 m, vue masquée par les arbres) ; le chemin atteint une jeune plantation. Vue sur Ste-Odile. Après 1 h. 1/4 sur le Dielenplatz (839 m), qui ferme la vallée de l’Ehn. Au milieu de la clairière s’élève un sapin imposant appelé Judentanne. Bifurcation du chemin : à g., on va sur le pré où se trouvait la maison forestière Sutt, maintenant démolie

  • Source : Les Vosges et l’Alsace, pages 458 et 453 à 455, guide du touriste édité sous le patronage du Club Vosgien, 1ère partie, librairie Istra, Strasbourg, 1922
La Soutte en 1989

La Soutte en 1989. © Alain Halter

L’Ehn prend donc sa source dans les prés de la Soutte, Raymond Roth le mentionne :

“Aussi, soucieux de ne point trop fouler le terrain de l’historien, pour remonter aux origines des bourgades de Niedernai, d’Obernai et de Klingenthal me suis-je engagé sur un sentier inhabituel, mystérieux et méconnu, mais révélateur de la fonction essentielle que joue l’Ehn dans la vie qui palpite entre Niedernai et sa source, encore appelée Soutte, près de l’auberge de la Rothlach.

L’onde déchaînée passe ensuite sous une autre piste forestière. De temps en temps un ronflement de moteur trahit la proche présence de la route. Puis le ruisseau est aspiré par l’immense perchis de hêtres où se remisent les cerfs, est éclipsé une dernière fois par un chemin et réapparaît, 150 mètres plus haut, insignifiant, sans identité précise, sous forme de source dans la tourbière de la Soutte”.

  • Source : Les sentiers sauvages du Mont Sainte-Odile, pages 31 et 61, Editions Karl Schillinger, 1986

Trois métairies ou censes

“Quant à la forêt d’Hohenburgweiler, elle comprenait la métairie dite Willerhof, située sur l’emplacement qu’avait jadis occupé le hameau de Hohenburgwiller. Cette métairie ou cense, comme aussi les deux autres censes dites Katzmatt et Küssbrünnelsutt, situées dans d’autres parties des forêts de la ville (d’Obernai), étaient baillées par celle-ci à des particuliers.

  • Source : Histoire de la ville d’Obernai I-II, tome second, page 304, Abbé J. GYSS, Laffitte reprints, 1978, réimpression de l’édition de Strasbourg, 1866).
Les censes de la Catzmatte, de la Soutt et du Villerhöff

Les censes de la Catzmatte, de la Soutt et du Villerhöff. Carte de Cassini, feuille de Colmar n° 163,
date 1740. IGN Remonter le temps.

“La première carte au monde qui couvre à moyenne échelle la totalité d’un grand pays est celle dite de CASSINI, réalisée tout au long du XVIIIe siècle à 1/86400. L’Alsace est couverte par les feuilles n° 161 à 165, les parties les plus occidentales débordant légèrement sur les feuilles 141 à 145, tandis que le coin de Lauterbourg fait partie de la demi-feuille n° 173. Tous les relevés étaient achevés en 1760 (de 1758 à 1760, sauf Strasbourg 1770)

  • Source : Encyclopédie de l’Alsace, volume 4, page 2395, Editions Publitotal Strasbourg, 1983
Pictogramme représentant une ferme ou métairie sur la carte de Cassini.

Pictogramme d’une ferme ou d’une métairie sur la carte de Cassini.

Tenir une cense

Tenir…

“Halter, (Als.-et-Lorraine), dérivé du verbe halten, tenir, a pu désigner celui qui tient, administre un domaine.

  • Source : Dictionnaire étymologique des noms de famille, Marie-Thérèse MORLET, Perrin, 1991

…une cense

“Cens (Zins) : redevance en nature ou en argent payée par un tenancier à son seigneur.

  • Source : L’Alsace, une Histoire, page 213, Bernard Vogler (Sous la direction de), Georges Bischoff, François Petry, François Igersheim, Charles Zumsteeg, Editions Oberlin, 1993

“Censitaire (ici ou là vassal, terme abusif), mot profondément significatif : celui qui, chaque année, à date fixe, paie au seigneur le cens dit recognitif, par lequel il reconnaît donc tenir sa terre de lui. Beaucoup de ces cens, de création fort ancienne, ne représentent plus que quelques sous, mais n’ont rien perdu de leur signification (le sou de Charlemagne était d’or, celui de Louis XIV de bronze) ; certains pourtant avaient astucieusement été déterminés en nature — souvent en avoine –, habile ou involontaire indexation sur le coût de la vie ; d’autres s’agrémentaient de « surcens », sortes de centimes additionnels. Souvent léger tout de même, le cens payé n’acquittait pas vraiment le paysan. A chaque changement de seigneur — ou tous les trente ans –, il devait en principe (il feignait parfois d’oublier) « avouer » et « dénombrer » (à ses frais) ce qu’il tenait de lui. Petites choses, mais signes tangibles de sujétion, qui frappaient aussi lorsque le fils du tenancier succédait au père (seul droit de succession connu avant de tardives initiatives louis-quatorzièmes).

  • Source : La vie quotidienne des paysans français au XVIIe siècle, page 43, Pierre Goubert, Hachette, 1991

Définition du nom de lieu

Dans les registres paroissiaux et d’état civil, le nom de lieu La Soutte est différemment indiqué. On relève souvent Soutt, Sutte, Suth ou Küssbrünnelsutt… suivi de “en forêt d’Obernai“.

in Sylvâ Suth

Küssbrünnelsutt est formé de Küss – brünnel et de Sutt :
– der Kuß / Küsse (allemand) est le baiser ;
– Brünnelîn, Brünnel (moyen-haut-allemand), brinnele (alsacien) sont des formes diminutives de Brunnen (allemand), Brunne ou Burne (alsacien) la fontaine, le puits. Brünnel est donc une petite fontaine.
– die Sute, sutte (moyen-haut-allemand) est die Lache, die Pfütze (allemand) signifiant tous deux la flaque, la mare, le bourbier.

  • Source : Alsacien : Dialectionnaire (alsacien, français et allemand), Claude GUIZARD, Jean SPETH, Editions du Rhin, 1991 ; Moyen-haut-allemand : Mittelhochdeutches Handwörterbuch, Mathias LEXER, S. Hirtzel Verlag, Stuttgart, 1974, Reprografischer Nachdruck der Ausgabe Leipzig, 1876 ; Allemand : Grand dictionnaire Français-Allemand / Allemand-Français, Pierre GRAPPIN, Larousse, 1989

En Alsace, « les lieux-dits parlant des sources, fontaines, rus, ruisseaux, noues, fosses et fossés, gués, îlots, mares et bourbiers sont innombrables : Woog, Sod, Ursprung, Burn, Fliess, Wappach, Dietpach, Lache, Pfütz, Pfuhl, Suhl, Schlatt, ou Schlett, Werd, Beschlossen Matt ».

  • Source : Encyclopédie de l’Alsace, volume 8, page 4754, Editions Publitotal Strasbourg, 1943

Il est plaisant de penser que la Küssbrünnelsutt désignait l’endroit marécageux d’une petite source où les amoureux se donnaient rendez-vous.

Les habitants des censes de la Katzmatt et de la Sutt

“Près de la source de la grande Magel se dresse une ancienne maison forestière de Strasbourg, la Rotlach (*) où passe une vieille route romaine, mentionnée dès 1393, reliant les sommets avec la vallée de la Bruche par le Steintal. La Katzmatt, aujourd’hui reboisée, portait jusque vers 1870 une maison forestière d’Obernai dont les habitants allaient à l’église à Grendelbruch où leurs noms figurent dans les registres paroissiaux. Au XVIIIe siècle, y vivaient les familles Fiack, Spengler, Halter et Lustenberger ; en 1830, Joseph Stocky dont le fils est mort comme général français peu après la Grande Guerre. A la Sutt, sur la route de la Rotlach à Sainte-Odile, se dressait jusqu’en 1787 une maison forestière appartenant à Obernai et qui ne fut pas reconstruite après un incendie. Au XVIIIe siècle, elle était habitée par une famille Halter ; en 1824, le garde s’appelait François-Joseph Biery ; plus tard les forestiers se considérèrent comme paroissiens du Hohwald (**)”.

(*) Rothlach (lieu-dit, maison forestière). Avancée Nord-Est du Massif du Champ-du-Feu ; alt 953 m. Maison forestière et croisée importante de chemins et de routes (D 130, D 214) utilisant les vallées qui y naissent (Magel, Ehn) ou empruntant les crêtes s’articulant autour de ce relief.

  • Source : Encyclopédie de l’Alsace, volume 11, page 6531, Editions Publitotal Strasbourg, 1983
  • (**) Histoire de Grendelbruch et de la seigneurerie de Girbaden, contribution à l’histoire des vallées de la Magel et de la moyenne Bruche, page 144, Joseph WIMMER, manuscrit inédit traduit et adapté par Paul BURETH, Strasbourg, 1967
Carte de l'état-major (1820-1866) : les points de bâtiments de La Soutte.

Carte de l’état-major (1820-1866) : les trois points de bâtiments de La Soutte
(IGN Remonter le temps).

Sur la carte levée par les Officiers du Corps d’Etat-Major, publiée par le dépôt de la Guerre en 1837 – feuille Strasbourg (Saverne) n° 71, la Cense de Katzmatt est figurée par un point de bâtiment. La Soutt, Censes comporte trois points de bâtiments. Les recensements de 1846, 1856, 1861 et 1866 indiquent 5, 5, 5, 2 personnes habitant à la Katzmatt et 30, 31, 28, 11 personnes habitant à la Soutte.

  • Source : Histoire politique, religieuse et économique d’Ottrott-le-Haut et d’Ottrott-le-Bas aux XVIIIe-XIXe siècles, page 105, Anne SALOMON, mémoire de Maîtrise d’Histoire sous la direction de Bernard VOGLER, 1989

Les maisons forestières et autres bâtiments

Ruines historiques : Kagenfels, Birkenfels, Hohenburgweiler et le Mur Païen.

1698 : Les premières descriptions évoquent la présence, au pied du Kagenfels, d’un pont appelé « Forbruch », d’une scierie probablement à l’emplacement de la baraque de l’Ehn, d’une autre à Saegmuehlmaettel et trois bâtiments au Willerhof.

1750 : Un logement de garde forestier et une scierie à Forbach Rhein. Trois censes (Willerhof, La Soutte, Katzmatt).

1820 / 1850 : Construction de 5 maisons forestières, toutes équipées d’une cuisine et possédant des dépendances telles que : grange, écurie, cave, fontaine. Construction de deux scieries, l’une à la Magel (détruite par un incendie en 1860), l’autre à la Vorbruck (scierie à manivelle avec simple engrenage en 1850). Installation d’une pépinière à la Soutte et de deux à la Rothlach. L’aménagement de 1861 les décrivait en bon état.

Tableau_foret indivise obernai-bernardswiller

1876 : Après l’achat du Willerhof et de la Soutte, les forestiers sont logés à la Vorbruck, au Willerhof, à la Soutte, à la Magel et à l’Urlosenholz. La maison forestière de la Katzmatt a été démolie en 1875. Une scierie est construite en aval de la MF Vorbruck pour scier des bois longs. Les pépinières d’altitude sont abandonnées et une nouvelle est installée à proximité du Willerhof.

1911 : Abandon de la maison forestière de la Soutte. Création d’un poste de forestier supplémentaire (non logé) et redécoupage territorial, encore en vigueur en2001. Construction de nombreux chemins et de trois baraques à la Magel, au Kreuzweg et à l’Ehnthal pour les bûcherons et actuellement utilisés comme abris de chasse. La construction d’une voie ferrée reliant Grendelbruch à Klingenthal est à l’étude.

1930 : Les anciennes maisons Neugrünnenrain, La Soutte et Katzmatt, ainsi que les deux fermes de la Soutte ont entièrement disparues. Les trois maisons forestières de la Grande Forêt étaient reliées téléphoniquement.

1956 : Construction de la maison forestière Ehnthal

1962 : Electrification d’Urlosenholtz.

1980 : Reconstruction de la Magel, après un incendie.

1995 : Electrification du Willerhof (3 janvier) et de la Magel (6 septembre).

2000 : Vente de la maison forestière de l’Ehnthal.

2002 : Vente de la maison forestière de la Vorbruck.

La Doutte en 1989

La Soutte en 1989. © Alain Halter

La Soutte maintenant, une zone protégée

La forêt d’Obernai-Bernardswiller abrite une zone protégée, la Soutte, classée marécage d’altitude et remarquable pour sa flore. C’est une vaste clairière d’environ six hectares où l’Ehn prend sa source. Elle est gérée par le Conservatoire des sites alsaciens.

  • Source : DNA DERNIÈRES NOUVELLES D’ALSACE – Edition de Obernai / Barr / Rosheim – 21/06/2013

Articles autour de la Soutte :

La Soutte, source de l’Ehn, Le Chemin des Bornes,
La croix Halter, La Grande forêt d’Obernai